L’œil du chat

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Observations pour une alerte clinique

Pour nous, les amateurs de chats, il ne se passe pas une seule journée sans que nous ne soyons séduits par le regard de nos compagnons. En effet, l’œil du chat est très attirant et même si nos siamois et nos Siamois Ancien Types ont un iris bleu, ceux-ci nous offre un regard propre à chaque individu.

Profitons donc de cette attirance particulière pour l’œil de nos amis afin d’apprécier l’état de santé de nos chats, car l’œil en est un excellent révélateur.

RAPPEL ANATOMIQUE

Chaque élément peut être le siège d’un problème qui doit nous interroger.

LES PAUPIÈRES

Elles peuvent être le siège d’une infection, d’un abcès suite à des bagarres ; des griffures peuvent se compliquer.

On peut également observer des dépilations associées ou non avec des inflammations du derme ; c’est alors l’expression clinique d’un problème dermatologique : teigne, allergie alimentaire, maladie auto-immune éventuellement.

La « troisième paupière » ou « corps clignotant » : cette paupière a pour rôle le nettoyage de la cornée, et l’étalement du film lacrymal. Lorsqu’elle est présente, on parle de procidence. Cela traduit une baisse de la pression oculaire secondaire due éventuellement à une déshydratation corporelle, à un affaiblissement de l’organisme avec amaigrissement, ou bien à une irritation du système vagal, traduisant ainsi une atteinte interne, soit pulmonaire, soit, le plus souvent, digestive (gastro-entérite ou constipation).

La procidence unilatérale est liée soit à une paralysie faciale ou à un syndrome de Claude Bernard Horner.

LA CONJONCTIVE

L’inflammation de celle-ci se manifeste par de la rougeur, de l’œdème et du larmoiement. Ce genre d’événement apparaît très souvent associé aux maladies respiratoires du chat, que l’on qualifie de « coryza », lié à la présence de calicivirus, d’herpès-virus, de chlamydiose (avec un œdème très important de la conjonctive) ou de bactéries secondaires.

Une pâleur de celle-ci peut apparaître : elle traduit la présence d’une anémie liée le plus souvent aux grands syndrômes que sont le FIV (« sida du chat »), la leucose féline, ou l’hémobartonellose (maladie transmise par les tiques ou plus rarement par une intoxication par les anticoagulants « souricide ».

A l’inverse, celle-ci peut prendre une couleur jaune, cela traduit alors la présence d’une jaunisse. Quelques fois, l’inflammation a disparu pour laisser des cicatrices qui se manifestent par des adhérences de la conjonctive avec éventuellement la cornée.

LA CORNÉE

L’inflammation de celle-ci est qualifiée de kératite liée également au virus du « coryza ». Elle peut être accompagnée d’ulcères qui peuvent être d’une très grande gravité, pouvant aller jusqu’à la perforation oculaire synonyme de perte de l’œil.

Il existe également des traumatismes de la cornée, en particulier coups de griffes, qui eux aussi peuvent être très graves. On peut découvrir aussi la présence d’épines responsables d’érosion cornéenne. Enfin, il arrive quelquefois une dégénérescence localisée de la cornée qui se manifeste par une tache brune : c’est le séquestre cornéen.

LA CHAMBRE ANTERIEURE

Une inflammation au niveau de cette partie de l’œil entraîne une modification de la transparence du liquide de la chambre antérieure. Celui-ci se trouble. On parle alors d’uvéite. Celle-ci s’accompagne d’une baisse de la pression oculaire et le diamètre de la pupille se réduit. Il s’agit alors d’un myosis ; l’iris apparaît alors décoloré et terne.

Ce type de réaction apparaît à la suite d’une infection secondaire : FIV, leucose, péritonite infectieuse féline ou « PIF », métrite ou rétention de pus dans l’utérus « pyomètre », ulcère perforant de la cornée entraînant l’inflammation du milieu intérieur ; des coups de griffe perforants peuvent avoir un résultat similaire.

LA PUPILLE

Le diamètre pupillaire doit absolument attirer notre attention. En présence d’une pupille largement ouverte, c’est une mydriase. Elle est le signe, soit d’une cécité (rétine non fonctionnelle), soit d’une hypertension artérielle avec décollement de la rétine, soit d’un très grand stress associé avec une très grande peur.

Quand une seule pupille est dilatée, on parle d’anisochorie. Si une ptose palpébrale est associée avec procidence de la troisième paupière et un relâchement de la lèvre ipsi-latérale, il s’agit alors d’un syndrome de Claude Bernard Horner (paralysie faciale)

L’IRIS

Il peut être le siège d’une modification de sa couleur en cas de jaunisse. Il prend chez le Siamois et le Siamois Ancien Type une couleur verte qui doit nous alerter.

Lorsque le chat s’anémie, il prend alors une couleur bleu pâle. S’il prend une couleur terne avec un trouble de limpidité du liquide de la chambre antérieure, on parle alors d’uvéite. Celle-ci est très souvent associée avec des maladies internes du chat telles que FeLV, FIV, PIF, pyomètre, pleurésie…

CONCLUSION

Il n’est pas nécessaire de retenir tout ce catalogue de maladies oculaires. Ce que je voudrais, c’est que vous continuiez à admirer les yeux de vos chats, et que, à la moindre alerte d’une modification de ceux-ci, vous puissiez intervenir précocement afin de réaliser un diagnostic rapide d’une maladie interne éventuelle.

J.J.MALERGUE
Docteur Vétérinaire